La réalité médicale
La médecine a été littéralement transformée
au cours de la dernière décennie par l’arrivée des antibiotiques
vers le début des années 1940. Pour la première fois de
l’histoire médicale, des maladies mortelles et des épidémies
ont pu être vaincues par de simples médicaments. L’efficacité
de ces nouveaux médicaments était tellement impressionnante que
tout ce qui avait été essentiel à la médecine depuis
le début des temps avait été remis en question. La relation
entre le soignant et le malade, la nutrition, le rôle des émotions,
l’hygiène de vie et l’attitude du patient, … furent rapidement remplacés
car le patient allait dorénavant guérir pourvu qu’il prenne sa
médication. C’est de ce fantastique succès qu’est née une
nouvelle façon de pratiquer la médecine : une approche expéditive
qui ne prend plus en compte les antécédents émotionnels
du patient, son alimentation, sa capacité d’auto-guérison naturelle,
et son contexte social. Cette approche purement mécanique de la maladie
et de la douleur s’est généralisée à toute la médecine.
Aujourd’hui, presque tout l’enseignement médical consiste à apprendre
à diagnostiquer une maladie spécifique selon les symptômes
perçus et à traiter ces symptômes à l’aide d’une
médication adéquate. En faculté de médecine, nous
apprenons tout ce qu’il faut savoir sur la maladie sauf la façon dont
elle est vécue par celui ou celle qui souffre.
Cette approche fonctionne remarquablement bien pour les problèmes
aigus mais elle plafonne rapidement pour les problèmes chroniques. Autant
la médecine peut sauver des vies lors d’infarctus du myocarde, autant
il lui est difficile d’aider quelqu’un qui souffre de douleur ou de maladie
chronique. Ce sont surtout les modifications du mode de vie du patient qui sont
capables de renverser ce processus de douleur chronique et de maladies :
gestion du stress, saine nutrition, activité physique régulière,
repos, environnement sain, …
Lorsque les professionnels de la santé ne trouvent pas de solutions
efficaces aux problèmes d’un individu, il est dans la nature humaine
de chercher des réponses ailleurs. Ainsi, des milliers d’individu se
tournent chaque année vers les médecines douces et alternatives
pour guérir. Ils découvrent alors un tout autre monde : un
monde de prise de conscience où l’individu est responsable de ce qui
lui arrive, où il est créateur de sa vie et de ses souffrances.
Ainsi, au lieu d’attendre désespérément l’arrivée
d’un remède miracle, l’individu réalise que ses pensées,
son alimentation, son hygiène de vie, ses réactions émotionnelles
et ses relations sociales ont un impact quant au fonctionnement de son corps
et qu’il est le seul à pouvoir corriger son problème en se penchant
sur chacune de ces sphères (émotionnelle, nutritionnelle, physique,
spirituelle, environnementale) afin de retrouver l’équilibre essentiel
au bien-être.
Au lieu de toujours mettre la cause de vos problèmes sur une
source extérieure à vous (virus, bactéries, pollution,
…), les médecines douces et alternatives vous proposent une introspection
personnelle et honnête en vous expliquant comment votre mode de vie affecte
votre réalité. Cette façon d’entrevoir la maladie est beaucoup
plus agréable à mes yeux car vous avez un rôle actif à
jouer dans votre processus de guérison et vous pouvez renverser vos souffrances
en prenant conscience de cette nouvelle dimension du corps humain.
Évidemment, l’individu qui guérit lors d’une démarche
personnelle à tendance à vouloir partager son histoire aux autres
qui souffrent « inutilement ». L’entraide fait parti intégrante
de la nature humaine. Cependant, plusieurs se butent à certaines résistances
des autres comme l’explique si bien Platon dans son ouvrage intitulé
« La république » où il décrit un
groupe de personnes qui vivent au fin fond d’une sombre caverne, loin de la
lumière du jour, et qui ne voient que leurs ombres projetées sur
les parois de la grotte par la lueur de leur feu. Ces obscures formes constituent
leur unique réalité, car elles ne se sont jamais aventurées
à l’extérieur et elles ne se doutent même pas qu’il y a
un dehors. Platon poursuit en expliquant comment une de ces personnes réussit
à s’échapper de la grotte pour se retrouver inondée par
la lumière du soleil du monde réel. Ayant vu la lumière,
cette personne retourne dans la grotte et essaie de raconter à ceux qui
sont restés dans leur prison ce qu’est le vrai monde, là-bas dehors.
Ses paroles ne font aucun sens pour personne et ils rejettent complètement
ces propos jugés farfelus.
Nous vivons tous dans la grotte de nos perceptions, ne voyant pas
la réalité telle qu’elle est : nous la voyons telle que nous
sommes, c’est-à-dire à travers le filtre de notre expérience
personnelle. Notre expérience du monde se fait par l’intermédiaire
des six sens : la vue, l’ouïe, le toucher (peau), l’odorat, le goût
et les pensées. Mais les perceptions que ces sens vous procurent ne vous
parviennent pas sous une forme directe et objective. Elles passent à
travers une superposition de filtres, parfois distordus, par vos propres interprétations,
opinions, croyances, … que vous avez reçus par votre éducation
ou que vous avez vous-mêmes créés par votre expérience
personnelle. La réalité est en fait remplacée
par votre réalité : ce qui est devient ce que vous pensez qui est.
Donc, la réalité n’est pas toujours ce que vous pensez qu’elle
est.
Sébastien Plante
Physiothérapeute et ostéopathe
www.sebastienplante.com