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Le portage de bĂ©bĂ©    

De par le monde, les coutumes et les habitudes dans les rapports parents-enfants sont très variées.

Dans les pays dits primitifs, il est habituel de porter l'enfant très longtemps, jusqu'à ce qu'il ait atteint un degré suffisant d'autonomie ; dans d'autres pays dits "civilisés", l'enfant n'est guère porté. Des moyens modernes conduisent à une pseudo-substitution du portage.

il est intéressant de comparer à différents niveaux ce qui se passe en fait d'expérience pour le bébé porté et le bébé non porté, mais aussi de comparer l'expérience d'une mère qui porte son enfant et celle qui ne le porte pas.

Bébé porté - ou partage des perspectives

L'enfant est le témoin charnel, auditif, visuel de la vie de l'adulte qui le porte. Il est l'observateur de la vie qui se déroule devant lui, car son regard est situé à environ 1m50 du sol et à la même hauteur que celui de l'adulte.

il est en général debout et la vie se déroule devant lui comme un film. Ses yeux sont tout près des yeux qui le sécurisent. Il participe à la table que l'on dresse, aux couverts qui se cognent et font du bruit, il observe comment nous faisons la vaisselle, comment nous mettons le linge sale dans la machine, comment nous suspendons le linge, comment nous repassons. Il observe comment nous nettoyons une fenêtre ou enlevons les "mauvaises herbes" pour les déposer sur le compost, comment nous arrosons le jardin avec le tuyau et comment nous brûlons quelques brindilles. Il entend le téléphone qui sonne, court avec maman pour décrocher ce téléphone, entend maman qui vibre en apprenant une nouvelle bonne ou mauvaise. Il entend sonner à la porte, ouvre la porte d'entrée avec maman, remarque l'attitude du facteur qui bien sûr l'interpelle et lui fait un grand sourire, il remarque comment maman signe sur le carnet du facteur qui ensuite lui tend un paquet qu'elle va aller déballer dans le salon avec tous le bruits de déchirures que cela comporte.

Prendre de la hauteur et du recul

Le monde du bébé porté est composé de tout l'environnement observé d'une certaine hauteur. Il peut faire les courses avec papa, observe tous les rayons de marchandises de toutes les couleurs. Il reste patient en faisant la queue à la caisse, parle avec ses yeux aux gens qui l'entourent ou qui s'énervent de faire la file. Il peut s'endormir paisiblement. Tout bouge en permanence autour de lui. Si maman prend le métro, il est à la hauteur des yeux des gens qui l'entourent, il communique par échanges visuels avec son entourage.

Le contact corporel

L'enfant bénéficie d'un contact charnel. Il est à la bonne température, il n'a ni trop chaud, ni trop froid. Maman règle sa température avec son corps. Lorsqu'il fait pipi, maman le remarque tout de suite et il n'a pas besoin de pleurer pour faire comprendre qu'il s'est souillé. Lorsqu'il a faim, il est tout de suite près de la source de ravitaillement et ne doit pas gesticuler des mains et des pieds pour se faire comprendre. L'enfant porté ne fait en général pas de renvoi.

Lorsque bébé est fatigué, il est toujours dans sa bonne position de sommeil, il peut dormir quand il le veut, il est toujours en sécurité. Il sent maman qui enlace le grand frère lors de son gros chagrin, lui fait un bisou sur le front et s'accroupit pour lacer ses chaussures. Il partage facilement sa maman avec d'autres car il forme un tout avec elle. Il observe facilement le livre d'images que papa lit à son grand frère, il participe aux exclamations de joie ou de déception d'une partie de cartes jouée par les plus grands.

Il ne sursaute pas lorsqu'un avion passe le mur du son, ou qu'une porte claque à cause d'un courant d'air.

L'enfant porté participe à l'intimité de son porteur. Il entend ses soupirs, ses rires, sa voix, ses chansons, sa respiration et même son coeur qui bat...

L'enfant porté est en sécurité totale, il vit en parfaite symbiose avec le porteur.

L'enfant non porté - ou l'enfant sur qui il faut porter l'attention

Quand nous feuilletons les manuels de puériculture, nous remarquons que ces livres sont remplis de conseils de prudence et d'attitudes qu'il faut avoir envers les bébés pour éviter les accidents, pour qu'ils grandissent bien, qu'ils n'aient pas froid, pas faim, qu'ils ne pleurent pas etc. Quelles positions lui donner pour qu'il ait un bon sommeil, quel siège choisir pour qu'il soit convenablement assis. Nous y trouvons différents conseils tels que : comment jouer avec lui, lui chanter des chansons, le caresser, contrôler les raisons de ses pleurs, voir s'il n'est pas sale, lui parler souvent avec le regard, s'occuper de lui, disposer des mobiles pour le distraire, ou une petite boîte à musique pour lui changer les idées, ne pas faire de bruits autour de lui... Le point d'attention et de concentration est le bébé. Tout tourne autour du bébé, qui est presque l'intrus venu troubler la vie quotidienne. L'enfant suce souvent son pouce, joue avec ses orteils pour faire passer le temps, pleure et crie souvent pour faire comprendre ce dont il a besoin : froid, soif, faim, souillure, ennui, besoin de sécurité se traduisent par des sons de plus en plus véhéments si nous ne répondons pas de suite à ses besoins.

L'enfant non porté pleure plus souvent ; il sursaute facilement lorsque des bruits le surprennent (téléphone, avion, porte qui claque, pile d'assiettes qui tombe par terre...).

Porter attention a un enfant veut dire observer, nourrir, caresser, langer, taquiner, lui montrer des objets, jouer avec ses mains ou avec ses doigts, chanter des chansons, lui faire écouter de la musique. Certains enfants, même sont placés devant la télévision. Toutes ces activités sont d'une nature totalement différentes de celles pratiquées normalement par l'adulte. Le point de concentration est l'enfant. Ces activités ne sont pas induites par l'enfant mais par l'adulte qui réfléchit à ce qu'il pourrait bien faire avec l'enfant, établit un programme en fonction de l'enfant et s'attend à ce que celui-ci manifeste quand il en sera fatigué.

L'enfant dont nous  nous occupons devient souvent "difficile" lorsqu'il en a assez. S'il est fatigué, il a de la peine à l'exprimer et souvent quand enfin l'adulte a compris son besoin il est trop tard : le train est passé...

L'enfant pour être bien, a besoin d'être en sécurité. C'est à ce moment-là qu'il peut satisfaire ses besoins vitaux et primitifs. L'enfant a besoin de s'abstraire du monde lorsqu'il en ressent le besoin. lorsque l'enfant a été stimulé par son environnement, il a en général besoin de se soustraire à celui-ci pour pouvoir assimiler l'apprentissage. Ce besoin peut se satisfaire dans un berceau en regardant le plafond. Mais l'enfant se retrouve alors seul, sans la chaleur corporelle ni les bruits naturels qui l'entourent et dont il était imprégné déjà pendant toute sa vie foetale. Sans son environnement sécurisant, il se retrouve donc plus rapidement en situation de stress, ce qui va l'empêcher d'assimiler.

Le portage dorsal

Dans le portage sur le dos (de la maman, du papa, d'un frère, d'une soeur, d'un grand-parent etc.) la rencontre du regard de l'enfant et du porteur est plus rare. Cependant la communication entre le porteur et l'enfant se réalise particulièrement par le contact corporel. Pour l'enfant non porté, la communication se fait surtout par les yeux, de bouche à oreille. La communication corporelle existe peu. Celui qui comprend que la communication corporelle existe ne craindra pas que l'enfant porté dans le dos s'ennuie.

En général, le bébé tout petit est placé sur le ventre du porteur, et lorsqu'il devient plus grand et entrave la liberté de celui-ci, il passe sur le dos. Dans le portage l'enfant est maître de ses sensations. Lorsqu'il est rassasié du monde extérieur, il rentre dans sa peau. En symbiose avec l'adulte, il coupe ses antennes extérieures et s'en va retrouver l'ambiance qu'il a connue dans l'univers utérin quelques mois auparavant. L'adulte n'a rien à dire dans ce processus, c'est l'enfant qui assume la régie.

L'éducation "naturelle"

Dans l'éducation "naturelle", l'enfant partage l'existence de son environnement par le portage. La maman s'occupe peu de son enfant. IL EST !

Il n'est guère nécessaire de créer autour de lui un monde artificiel qui risquerait de lui porter préjudice. Il est contre le corps de sa maman et peut à tout moment se retrancher dans l'équivalent du balancement de l'univers foetal et ainsi se régénérer.

(A suivre)

Article de Yolande Buyse extrait de la revue Vie et Action n°214 avec son accorc